jeudi 25 avril 2024

21 AVRIL : A LA DECOUVERTE DE LA MAISON DE MAURICE RAVEL ET DU CENTRE HISTORIQUE DE MONTFORT L'AMAURY AVEC MON AMI DIDIER.

Retour ce 21 avril à Montfort L'Amaury pour faire découvrir à Didier la maison de Ravel et le centre historique de la ville. Nous allons suivre Didier dans sa découverte !

                             VISITE DE LA MAISON DE MAURICE RAVEL:

Au 5 de la rue Maurice Ravel, on découvre une maison au curieux clocheton, qui s'étire toute en longueur au pied de la butte qui supporte les ruines du château fort. C'est le Belvédère, la maison que Maurice Ravel (1875-1937) acquit en 1921 et où il vécut les 16 dernières années de sa vie, assisté de Madame Révelot, sa fidèle gouvernante.

Devant la maison de Ravel.



 Il y avait cherché un peu de paix pour travailler sans être trop dérangé, à peu de distance de Paris , où il revenait régulièrement notamment pour des sorties nocturnes avec ses nombreux amis: il aimait aller au théâtre, au concert,et fréquentait les cabarets. Il y conçut ses derniers chefs d'oeuvre, dont le fameux Boléro. Son séjour ici était parfois interrompu pour des séjours au pays basque (région d'origine de sa mère), à Saint Jean de Luz, ou pour des tournées de concerts en France ou à l'étranger, comme cette tournée de 4 mois en Amérique en 1928 où il fit la connaissance de Guerschwin.


Cette maison fut aussi le centre de ralliement de ses nombreux amis, qui s'y retrouvaient fréquemment. L'exiguité de certaines pièces fait qu'on ne visite la maison qu'à 6 personnes au maximum. Tout (décoration, objets et meubles) est resté comme du temps où Ravel l'habitait, mis à part quelques aménagements (vitrines d'expositions d'objets familiers par exemple). Les pièces ont souvent été décorées par le compositeur lui- même. La visite commence par l'étroite cuisine, transformée en piéce d'accueil du public ; puis on découvre le petit salon asiatique, qui révèle son goût de l'orient: c'est une pièce de repos pour lui. On passe ensuite à la salle à manger, la frise qui orne ses murs a été dessinée par lui. Sa belle vaisselle est présentée dans une vitrine. La table , quand il était seul, était placée contre le mur, et déplacée, et aussi rallongée,quand il recevait. Une curieuse "table à tricoter" ancienne trône au milieu de la pièce. On découvre ensuite la bibilothèque (petite), ancien cabinet de toilette. Le salon, décoré par lui, est la pièce la plus grande, et de là on accède au balcon qui offre une vaste vue sur la campagne environnante. Dans un coin de la piéce  se cache un petit cabinet rempli lui aussi de livres. Ensuite on termine la visite de l'étage par la piéce la plus émouvante sans doute, où se trouve le piano sur lequel il a composé ses dernières oeuvres. L'acoustique y est excellente en raison de la conception de la pièce. On y trouve aussi son bureau. Sa chambre et sa salle de bains sont elles au rez de chaussée, on y accède par un escalier assez abrupt. Au rez de chaussée, donnant sur le jardin, se trouvait aussi le logis de sa gouvernante.

Maurice Ravel sur le balcon du Belvédère avec un ami, en 1930. Belle vue sur la campagne environnante depuis le balcon.

Au fil de la visite, se dessinent peu à peu la personnalité et les goûts du compositeur. Ce grand compositeur était au physique un petit monsieur de 1m 61 pour 48 kg, ce qui explique déjà qu'il passait facilement sous certaines portes fort basses de la maison (contrairement à certains visiteurs). Mais cela lui a valu surtout d'être réformé pendant la guerre de 14  car "trop léger". Grâce à ses relations, il parviendra tout de même à se faire engager  comme conducteur de véhicules sur le front. Certaines parties de son équipement (casque etc) exposées  dans une vitrine rappellent cet épisode . On y voit aussi de nombreux jeux  et une collection d'automates : "il avait gardé une âme d'enfant" commenta la guide. Il collectionnait aussi de nombreux bibelots: porcelaines asiatiques, horloges.... Son goût de l'orientalisme se manifeste aussi par la présence de son jardin japonais, pour l'élaboration duquel il dépensa des sommes considérables.


La façade donnant sur le jardin, et à gauche au rez de chaussée, le logis de la gouvernante.


Le jardin japonais, et ses sentiers dallés. 

Maurice Ravel est né à Ciboure, en pays basque - région d'origine de sa mère. La famille n'y vécut que 3 mois et déménagea ensuite pour Paris. Son père était un ingénieur important, épris de musique, et il est certainement pour beaucoup dans la vocation de son fils. Il était très attaché à ses parents, notamment à sa mère - la mort de celle ci, en pleine guerre, l'affecta beaucoup. Il était aussi très attaché à son jeune frère Edouard. Il est toujours resté très discret sur sa vie privée, dont on ne sait rien. Il attachait beaucoup d'importance à son élégance vestimentaire. Sous son allure austère, c'était quelqu'un d'ouvert aux autres, il avait de l'humour. Il ne dédaignait pas d'aller jouer du piano dans l'église pour une association locale.Il aimait beaucoup les grandes marches solitaires dans la forêt de Rambouillet proche.


   Le frère de Ravel ,qui avait hérité de la maison, en a fait don  à l'Etat. Elle était gérée par la municipalité. C'est devenu maintenant un musée. Le saviez-vous?  Céleste Albaret, la gouvernante de Proust, fut la gardienne de la maison de Ravel après la mort de celui-ci, de 1954 à 1970 ! Le monde est petit!
La prise de photos étant interdite à l'intérieur de la maison, nous n'en publions pas.

                     *  DECOUVERTE DU CENTRE HISTORIQUE :

Montfort L'Amaury , étagée sur une colline et dominée par les ruines de l'ancien château- fort , au milieu d'une campagne verdoyante, est un site attrayant. Une ville marquée par les seigneurs de Montfort, dont Amaury 1er, constructeur du château au XIe siècle et de la 1e église Saint Pierre. Il  a donné son nom  à la ville et à bon nombre de ses successeurs ; citons aussi le redoutable Simon IV de Montfort, qui, au XIIIe siècle, réprima de façon implacable les Albigeois "hérétiques"; enfin, Anne de Bretagne , comtesse de Montfort ( un duc de Bretagne, Arthur, avait épousé une Montfort, et la ville avait été annexée à la Bretagne), puis épouse de deux rois de France: Charles VIII puis Louis XII, fit beaucoup pour la ville. La fille d'Anne, Claude de France, ayant épousé François 1er, le comté de Montfort entra  dans le domaine royal. La seigneurie sera alors attribuée à des fidèles par les rois successifs, jusqu'à ce que Louis XIV la cède au duc de Chevreuse en échange d'autres terres.


Au bas de la butte de 185 m où fut construit le château , on est accueillis par un buste d'Anne , duchesse de Bretagne et comtesse de Montfort, restauré à neuf...


Sur la gauche, on aperçoit la porte Bardoul, un des éléments des remparts de la ville.

Nous entreprenons la montée de la butte qui domine la ville et qui supporte les ruines de l'ancien château fort.


On débouche bientôt sur une plate forme intermédiaire d'où l'on peut déjà contempler une magnifique vue sur la ville et la campagne environnante.




Pas mal, non?


Hommage à l'archéologue qui au XIXe siècle fouilla les ruines.


Les vestiges du château-fort dominent la ville. Vestiges d'abord de celui d'Amaury de Montfort (XIe s) . Il ne reste que quelques pans de mur du château d'origine, car il a été détruit pendant la guerre de Cent ans (1357-1453). S'y ajoute (en arrière plan) un vestige plus récent... 


Il s'agit de la tour d'Anne de Bretagne, une tour d'escalier de la fin du XVe s. En effet, Anne de Bretagne entreprit à l'époque une restauration du château. C'est tout ce qui en subsiste . La tour d'Anne de Bretagne se reconnaît au style gothique flamboyant de sa porte et à l'utilisation d'éléments en brique insérés dans la pierre .

Nous redescendons vers le centre historique.
                                                                        

En redescendant  de la butte aux ruines, on découvre la magnifique perspective qui aboutit à l'église. L'église Saint-Pierre , d'une dimension rare pour une petite ville comme Montfort, a été édifiée par Anne de Bretagne à la fin du XVe siècle , puis complétée au XVIe par sa fille Claude de France et le seigneur d'alors, André de Foix ,cousin d'Anne de Bretagne. 


                      Sur la place, nous remarquons quelques remarquables maisons à pans de bois.



Mais avant d'aller voir l'église, nous faisons un petit détour vers le remarquable cimetière:


   La porte de style gothique flamboyant (fin XVe s) de l'ancien charnier, actuel cimetière. En raison de l'agrandissement de l'église Saint Pierre au XVe s, le cimetière qui entourait la première église a été transféré ici.

Superbes arcades du charnier encadrant le cimetière: on déposait ici les ossements des morts quand il fallait vider le cimetière trop plein.Cette galerie, la plus ancienne, est du XVIe siècle. Remarquable voûte en forme de carène de navire renversée.

                                      Vue extérieure de la galerie du XVIe, qui utilise la brique


Petit détail décoratif de la galerie du charnier. 
.

Cette galerie est du XVIIes (photo : Didier).Elle abrite des stèles de personnalités locales décédées. Celle par exemple de  Louis Joseph de la Boessière, comte de Chambord, victime d'un accident de chasse en 1755: le tireur maladroit n'était autre que le Dauphin (fils de Louis XV)! La famille reçut une pension en dédommagement!

Elle accueille aussi un buste de Maurice Ravel, en hommage.

Plusieurs personnages connus reposent dans ce cimetière: Céleste Albaret, la gouvernante de Proust ,   Dany Robin et Georges Marchal (son premier époux), Jean Marchat (la "voix" de Cary Grant au cinéma) ,le musicien Georges Garvarentz , beau frère d'Aznavour ,et auteur de nombreux "tubes"des années 60, le commentateur sportif Thierry Gilardi  ... On y trouve aussi la tombe de Mme de Charost, première propriétaire du château de Groussay(et fille de Mme de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI ,qui était de la "fuite à Varennes"), ainsi que de plusieurs aristocrates.


La tombe de Georges Marchal.
Celle de Dany Robin n'est pas loin, nous ne l'avons pas identifiée.

Dany Robin et Georges Marchal.

De puis la maison de Ravel, on peut apercevoir  le château de Bluche (XVIII e siècle) où  ont vécu les acteurs Georges Marchal et Dany Robin, célèbres en leur temps! Ils ont passé leur temps à le restaurer de 1954 à 1969 et ont eu deux enfants. Ils ont plus tard  divorcé.

Ici la tombe de Céleste Albaret, la gouvernante de Proust, puis la gardienne de la maison de Ravel pendant de nombreuses années.

Et puis certains  noms se sont ajoutés depuis mon premier  passage à Montfort il y a quelques années: celui  de Jean Pierre Rassam et de Claude Berri, producteurs de cinéma et surtout celui de Charles Aznavour, disparu en 2018.


Didier vient de découvrir la tombe de Charles Aznavour, en fait caveau familial de la famille Aznavourian.

L'EGLISE SAINT PIERRE :

C'est une vaste et longue église à 3 nefs et au clocher porche fort élevé. De la première église romane du XIe s, il ne resterait qu'un élément du clocher porche côté nord. Le reste, du XVe, est de style gothique, avec quelques éléments plus tardifs. Elle a été bien rénovée depuis ma première visite!

La façade et le clocher porche semblent dater du début du XVIIe siècle (la date de 1603 figure sur la façade). Le style est classique (pilastres à l'antique, ouvertures avec arcs en plein cintre...). Ils ont été restaurés au XIXe.

Le portail sud est de style Renaissance. Il est orné des bustes de celui qui a achevé l'église, André de Foix, cousin d'Anne de Bretagne, et de sa femme Catherine du Bouchet. 

Tout le reste du bâtiment est du plus pur style gothique : arcs boutants surmontés de vases, fenêtres en ogive, gargouilles nombreuses..


Oh la vilaine!

PENETRONS DANS L'EGLISE ...

La nef centrale et le choeur.


Voûtes  de la nef.


Belles clés pendantes des bas côtés.

 Et belle surprise: 37 superbes vitraux du XVIe l'ornent, une des plus belles collections de France.

La dormition de la Vierge.
Perspective créée par l'architecture, typique de la Renaissance.

Vitrail de Saint Hubert .

Arbre de Jessé.


Détail du vitrail de Charlemagne et de Saint Louis (photo: Didier).


A la sortie de l'église, une vue sur le quartier a séduit Didier ( photo: Didier).


Nous regagnons le parking du Palais, où sont garées nos voitures. Au passage, encore quelques découvertes...


Le reste du centre historique est fort pittoresque, avec ses ruelles étroites, comme celle-ci.


La maison  des Poulies, et sa tourelle.
                                               

Sur la porte d'entrée, on peut lire: la tour des Poulies.

L'église vue de la rue du Palais. On peut apercevoir une partie des remparts à gauche
.

Cerise sur le gâteau, je découvre avec Didier une partie des remparts bien conservée... Benh alors, fatigué?




Arbres en fleurs, vus des remparts.

Dernier regard sur la butte portant les ruines du château, depuis la rue du Palais.


Vue rapprochée.

Le charme de la ville y a attiré de nombreuses célébrités. Outre celles que nous avons déjà évoquées, on peut citer encore l'écrivain Colette,  le compositeur Georges Bizet, les écrivains Jacques de Lacretelle et Jean Anouilh, le producteur de cinéma Philippe Starck, Fred Mella (des Compagnons de la Chanson), Gérard Lenormand, Florent Pagny... Guillaume Canet qui y a fait toutes ses études...